Luca Signorelli - II Flagellations - Les Gais dossiers du Dr. Bitor.

Luca Signorelli - Quand la renaissance italienne montrait tout...

Le thème de la Flagellation du Christ est souvent l'occasion pour les artistes de montrer des beaux corps qui se tordent (le Christ) et aussi des athlètes musclés en plein effort (ses bourreaux). Dans le cas de Luca Signorelli, il est manifeste que le peintre s'attache avant tout à dévoiler des mâles dans des postures libres... Dans cette première  Flagellation (1), la composition est un peu confuse, avec la foule massée en arrière plan. Il est par contre manifeste que Signorelli prend plaisir à montrer sa science de l'anatomie en encadrant le Christ d'un homme nu de face à gauche et d'un autre de dos, à droite. Mais l'on remarque aussi rapidement une chose, très surprenante : le sexe du Christ ligoté au centre est si peu voilé par son pagne, qu'il est facile de parfaitement le distinguer... Le bourreau de gauche est sans doute plus pudique, avec son drapé gris, mais par contre son acolyte de droite exhibe un fessier parfaitement galbé qu'un morceau de tissu rouge ne fait que rendre encore plus provocant...   

(1)

Dans cette autre version du même sujet, plus petite et plus intime, la foule a disparue. Jésus est représenté seul avec ses bourreaux... Des démons ou des sauvages davantage que des soldats romains qui tourbillonnent autour du jeune homme au teint pâle ligoté à sa colonne pendant que leurs pagnes de couleur glissent le long de leurs reins. Comme dans une danse guerrière ou bacchique... La pudeur du supplicié n'est pas perservée, puis qu'on distingue nettement, une fois encore son sexe sous le voile transparent qui cache son intimité... Mieux : si l'on fait très attention, on découvre soudain que le bourreau au pagne jaune-orange à gauche porte à la frange de son modeste vêtement ce qui ressemble fort à une paire de testicules. Quand à son voisin aux bras levés, c'est le noeud de son tissu vert sombre qui imite la forme d'attributs virils... Dans la partie droite, même chose : les sauvages qui dansent autour du Christ n'en sont pas moins des mâles comme en témoigne ce que qu'on peut apercevoir cachés dans l'ombre ou suggérés par les plis de leurs drapés...   

Il semble que lorsque Ponce Pilate est présent, ses soldats sont moins sauvages et pourtant beaucoup plus violents. Cettre troisième Flagellation est moins démoniaque et l'on remarque pourtant un détail surprenant une fois encore dans le pagne du Christ (3). Disposé en forme de croix, il remplit son office en cachant ce qu'on doit cacher, mais en fait attire le regard vers un point central... Un des bourreaux a même appuyé son pied nu au creux des reins de Jésus, détail fréquent au Moyen Age et qui suggère qu'il tire sur la corde qui lui attache les mains, mais qui dans ce contexte de mâles à peine vêtus pourrait prendre un sens beaucoup plus érotique...

(3)

Le pas est franchi dans cette quatrième version (4). Elle est plus petite, puisqu'il s'agit d'une predelle (un petit panneau de bois peint ornant un retable ou un coffre de mariage). Si Jésus est moins impudique et son drapé plus opaque, les deux bourreaux qui l'encadrent sont l'un de dos et l'autre de face, ne dissimulant plus rien de ce qui en fait des hommes...

(4)

Je garde la cinquième variante du thème pour la prochaine fois...  C'est sans doute une des plus abouties et l'art de Signorelli, tout autant que sa sensualité s'y exprime avec le plus de force... C'est mon avis, mais teasing...

(A suivre...)

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