Le Petit Louvre SM de Mr. Sadikos - 2 - La Flagellation

J’ai commencé mon petit tour au Louvre dans le département des sculptures françaises… Et je suis d’abord tombé sur ce petit bas relief médiéval qui m’a tout de suite de suite attiré…

* Louvre, Richelieu, rez-de-chaussée – Département des sculptures françaises, salle 5, vitrine 1.

Ile de France, Second Quart du XIVe siècle - Scènes de la Passiondu Christ : Flagellation, Portement de croix, Crucifixion, Mise au tombeau. Retable incomplet et remanié provenant de la Sainte-Chapelle du Palais à Paris. Marbre blanc sur fond de marbre noir
H. : 0,49 m. ; L. : 1,74 m. ; Pr. : 0,10 m.

Le thème du Christ à la colonne est très fréquent dans l’iconographie religieuse du Moyen Age : « Alors donc Pilate prit Jésus et le fit flageller » Jean, XIX, 1-3. On le trouve cité dans deux autres évangiles : Mathieu, XXVII, 26 et Marc, XV, 15. Si cette représentation du début de la Passion m’a attiré au Louvre, c’est surtout à cause des drapés de bourreaux en fait… Car je sais bien que l’artiste anonyme du XIVe siècle ne maîtrise pas parfaitement l’anatomie canonique dans le traitement du torse, mais on remarque que le drapé du Christ est plutôt convainquant alors que les tuniques de ses deux virils tortionnaires montrent d’étranges gonflements au niveau du bas-ventre…

Je suis allé ensuite me renseigner sur l'iconographie de la flagellation via Internet et j’ai vite été convaincu… Si au Moyen Age, la représentation reste encore assez sage, on remarque pourtant que le thème donne l’occasion de montrer un corps d’homme peu vêtu.

C’est le cas dans les célèbres Très Riches Heures du duc de Berry. Le Christ porte son pagne très bas avec l’ombre du pubis et l’on remarque surtout un bourreau dont la tunique a glissé, dévoilant une épaule et un téton d’une manière presque érotique. Bien plus que s’il était tout simplement torse nu…

Paul, Jean et Herman de Limbourg, Très Riches Heures du duc de Berry - 1412-1416 - (folio 144 – Musée Condé, Chantilly) 

Quelques années plus tard, Crivelli montre un Christ déjà beaucoup moins médiéval et au corps nettement inspiré des modèles antiques avec ses épaules large.

Carlo Crivelli (1430-35 – avant 1500) La Flagellation, 1468 (tempera sur bois – 23X46)

Piero de La Francesca, dans sa célèbre Flagellation d’Urbin voile à peine le sexe du Christ que l’on aperçoit même par transparence sous le tissu blanc. Et une statuette dorée directement inspirée de l’antiquité surmonte la colonne à laquelle il est ligoté.

Piero de La Francesca(1420-1492), La Flagellation,vers 1469 – (huile et tempera sur bois, 58,4 x 81,5 cm) Galleria Nazionale delle Marche, Urbin.

---

Ce sont les écoles du Nord qui bien entendu poussent la chose le plus loin... Albrecht Durer représente le sang qui vient arroser le sol devant Jésus. Mais auparavant, on découvre son Christ se faisant vigoureusement fouetter les fesses… Altdorfer, dans sa composition déjà beaucoup plus maniériste représente un Christ qui se tortille lui aussi en face de ses mâles tortionnaires. On remarque que l'un des bourreau n’hésite par à pousser son bouquet... de verges juste au niveau du bas ventre de sa victime…

                                 

Albrecht Durer (1471-1528) – Deux gravures de La Passion (1509-1512) - Albrecht Altdorfer (1480-1538), La Flagellation, 1518, (tempera sur bois - 130x94) Abbey Muséum, Saint Florian

Le pagne du Christ a tendance a glisser de plus en plus. J’ai même trouvé à Douais, un tableau où le condamné est tout nu, cachant uniquement son sexe…

   

---